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Laurstralyan Road
Laurstralyan Road
5 décembre 2012

Du 11 au 21 novembre : Des débuts difficiles en Birmanie

Le débat fait rage dans le milieu du voyage depuis de nombreuses années : faut-il aller ou non en Birmanie ?

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Normal que tout voyageur se pose la question avant d'entreprendre un voyage à destination de Yangon. En effet, longtemps considéré une comme dictature militaire avec un bilan douteux au niveau des Droits de l'homme, la Birmanie a fait face à des sanctions sévères, notamment économiques et un boycott du tourisme.

Depuis de nombreuses années, Aung San Suu Kyi, l'icône de la démocratie en Birmanie a elle-même dissuadé les touristes de se rendre dans son pays, considérant que le tourisme était une façon de légitimer et de financer le régime au pouvoir.

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 Aujourd’hui, il n’est plus véritablement question de boycott du tourisme, selon un communiqué récent d’Aung San Suu Kyi, cette leader de l’opposition libérée l’année dernière, car les devises étrangères s’avèrent une aide trop précieuse pour ce peuple opprimé, et un moyen de relancer l’économie faiblarde du pays. Mais il est inévitable qu’une partie de l’argent des voyageurs finisse dans les poches du gouvernement en place : visa, entrée des sites touristiques, taxes diverses. Toutes les compagnies aériennes birmanes appartiennent à l’Etat ou à son cercle proche, les grands hôtels dans lesquels descendent les groupes organisés sont généralement affiliés au gouvernement…

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Il revient à chacun de voyager de façon responsable, afin de limiter au maximum cet impact frauduleux, et d’essayer plutôt de répartir l’argent le plus possible vers les guesthouses privées, les boui-bouis restaurants, les petits marchands etc.… Nous nous faisons la promesse de jouer le jeu et rester vigilants au maximum, afin d’une part de rester cohérents vis-à-vis de notre aversion face au régime de la junte, et de deux, de filer un coup de pouce aux habitants. Nous espérons y être parvenus…

 

Yangon

Nous atterrissons donc à Yangon. L’ancienne capitale de la Birmanie s’est vue voler son statut en 2005 au profit de Naypidaw, une ville quasi inhabitée, dans le centre montagneux du pays, pour des raisons mystérieuses (conseil des astrologues ou stratégie militaire en cas d’attaque, ou les deux). Ainsi, certains quartiers de Yangon sont encore moins entretenus qu’ils ne l’étaient avant : les trottoirs sont défoncés, voire casse-gueule, la circulation chaotique, les bâtiments en décrépitude, sans parler des odeurs… Face à toutes les interdictions du régime totalitaire en place, les habitants ont recours au système D pour survivre, et le marché noir va bon train.

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Mais la ville dégage quand même une atmosphère sympathique, en grande partie due aux sourires incessamment croisés.

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La Birmanie apparait un peu comme l’Asie des années 40. Le Longyi (sorte de sarong porté en pagne) est toujours porté par la majorité des hommes et des femmes, alors que le jean et les pantalons à l’occidentale ont été largement adoptés dans les pays voisins.


Le lendemain de notre arrivée, nous allons déambuler au pied du trésor de Yangon : la Paya Schwedagon, vieille de 2500 an et recouverte de plus de 80 tonnes d’or, dont le cœur de la flèche abrite une petite sphère d’or ornée de millier de diamants et une émeraude de 76 carats.

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Les Birmans viennent prier ou se prosterner devant des statues de Bouddha de mille postures différentes, ou restent simplement assis à discuter dans les temples, sous le regard bienveillant de l’Illuminé !


Déjà fatigués de la ville et de la chaleur, barbouillés et peu motivés, nous ne ferons pas grand-chose de plus ici. Nous prenons un bus de nuit en direction de la ville de Mandalay, dans le centre du pays. Mauvaise surprise, malgré un bus convenablement confortable, nous sommes abasourdis par le son d’une télévision projetant une série asiatique affligeante et sommes contraints de sortir du bus pour aller diner à minuit… pourquoi ne veulent-ils pas nous laisser dormir ?

 

Mandalay

Arrivés à 5h du matin à Mandalay, nous rencontrons Arthur et Coco, deux jeunes « taxi-scooter » Birmans qui nous déposent depuis la gare routière au centre-ville. Seconde mauvaise surprise de si bonne heure, tous les hôtels sont pleins et qui plus est hors de prix. Les deux jeunes-hommes nous aident à trouver une guesthouse (20$ la nuit, aïe…) et nous les remercions en réservant avec eux un tour dans les environs pour le lendemain.

Notre visite de Mandalay commence par une balade dans la ville à la recherche d’un petit restaurant de rue. Nous voyons du poisson séché partout, et faisons face à l’odeur de cette infâme poudre grise de poisson et crevette broyés, que les Birmans affectionnent dans de nombreux plats… On a gouté…Véritablement, il existe une éducation des papilles qui se joue seulement à la naissance. Après, c’est souvent trop tard ! ;) . Cependant un bœuf au curry accompagné de riz sera un véritable régal.

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 Un groupe d’enfant sortant d’un temple dans la rue sont très curieux et viennent vers nous gaiement pour nous montrer leurs jouets et se faire prendre en photo.

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Le bouddhisme est omniprésent, en témoignent les Payas et Stupas dorées à chaque coin de rue, ou presque ! Mais qui dit qu’il s’agit d’une philosophie ? Notre rencontre avec un Birman nous fera réfléchir… Comme n’importe quelle religion, ne sert-elle pas avant tout les dirigeants ? Nous ne pouvons nous empêcher de penser que le fatalisme bouddhiste aide beaucoup plus à accepter la situation présente, soit comme étant une conséquence d’une vie antérieure mauvaise, et/ou en comptant sur le fait que la vie prochaine sera meilleure !

  

 

Le reste de la ville extrêmement polluée ne nous a pas donné envie de continuer à courir pagodes et monastères. Nous continuons donc notre visite de la grande ville quadrillée par une balade de 2h en longeant l’ancien palais royal vers la colline de Mandalay. Son sommet accessible après 1700 marches d'escalier (ascension d'une demi heure environ, pieds nus) dévoile un joli panorama sur la ville. En redescendant nous rencontrons Gilbert , un jeune Birman qui nous aborde tout sourire pour nous poser des tonnes de questions sur notre façon de vivre mais aussi sur nos films et musiques préférés, nous passons un très bon moment en sa compagnie et échangeons nos contacts.

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Ici comme ailleurs, un incroyable business fleurit autour du bouddhisme ! Lors de notre tour à scooter avec Coco et Arthur, nous passons devant des ateliers de statues de bouddha pour les temples et nous visitons une petite fabrique de feuilles d’or. En effet, il faut des feuilles d’or pour recouvrir ces mêmes bouddhas, les temples, etc… Les hommes frappent des paquets de feuilles de bambou renfermant un petit lingot de 24 carats, et pour parvenir à le rendre plus fin qu’une feuille de cigarette (0,001mm), ils tapent dessus 5 heures d’affilée, à l’aide de masse pesant près de 3kg… Les femmes, elles, préparent les paquets prêts à être frappés, et réalisent le package des feuilles d’or destinées à être vendues.

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Ensuite, une partie d’entre elles sont achetées par les fidèles, qui vont les appliquer sur l’une des représentations de bouddha les plus sacrées du pays, celui de la Paya Mahamuni. On lui a collé tant de feuilles d’or depuis des décennies qu’il en est devenu tout boursouflé ! 

Ce même Bouddha est nettoyé chaque matin, à 4h, par les moines, sous le regard des fidèles. Brossage de dents, nettoyage et séchage du visage, tout y passe. En fait c’est à 3h30 du matin que nous avons commencé notre tour, pour être à 4h devant ce spectacle amusant !

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Courant à travers un vaste lac au sortir de la ville, le Pont U-bein d’Amarapura est l’un des édifices les plus célèbres du pays. Long de 1,2 km de long, il est construit uniquement en teck, bois précieux dont le pays possède l’une des plus grandes réserves mondiales. Le lever de soleil est très joli depuis le pont, de nombreuses barques de pêcheurs passent sur la rivière et nous apprécions le moment.

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Nous reprenons la route et grimpons dans une barque pour accéder à l’ancienne capitale d’Inwa (Ava). Nous nous baladons à pied dans l’île avant que les nombreux touristes se déplaçant en charrette tirée par des chevaux n’arrivent en masse. Nous profitons du calme, des paysages ruraux et apprécions un petit thé offert par un vieux monsieur ne parlant pas un mot d’anglais devant une pagode. Adorable :) !

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La suite de la visite se passe toujours à Amarapura avec le repas des moines. Dans une immense procession se rendant vers une immense pièce couverte de nombreux moines vont tout simplement manger. La plupart sont des gamins des villages alentours, dont les parents les ont envoyé chez les moines pour leur donner une éducation et également pour avoir une bouche en moins à nourrir. La journée des moines commence très tôt. Ils doivent emporter une gamelle en fonte pour aller mendier leur nourriture à travers le village. Un moine ne peut pas toucher d´argent, il doit rester pur, et il vit à cent pour cent de la générosité des villageois.

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Ainsi, la population ne peut pas donner une pièce au moine pour qu´il aille s´acheter à manger. Ils doivent donner des plats tout prêts, du riz, parfois un peu de viande, et les moines ne décident donc jamais de ce qu´ils vont manger, ce qui les détache un peu plus des préoccupations matérielles. Ils mangent une seule fois par jour, tous ensembles, après être rentrés au temple et avoir mis en communs les offrandes de nourriture que chacun a reçues.


16Les nombreux touristes présents font de ces processions quotidiennes un spectacle peu réjouissant. Il est certes impressionnant de voir ces centaines de moines marcher à la queue-leu-leu mais les nombreux flashs d’appareils photo nous mettent mal à l’aise… nous avons un peu le sentiment d’être au zoo !

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La suite du programme se déroule sur la colline de Sargaing, un des sites les plus religieux du Myanmar surplombant des centaines de pagodes et le fleuve Ayeyarwady. Très joli.

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Tour terminé, nous voilà de retour en ville. A Mandalay, la circulation, très dense et confuse, est un vrai cirque qui vaut son pesant d'or (de l'or toujours et encore !). Aucune règle de circulation, aucun feu (les rares qui existent ne servent à rien), pas de passage piétons, c'est la débrouille pour traverser au péril de sa vie entre véhicules d'un autre âge, scooters, vélos, tuk-tuk, tricshaw et compagnie..C'est le règne du klaxon ... Si l'on ajoute que les trottoirs sont, non seulement couverts de flaques rouges de crachats de bétel, encombrés de marchandises en tous genres, de gargottes, de cyclo... mais aussi complètement défoncés, et qu'il faut à chaque pas faire attention à ne pas mettre le pied dans un trou ou une bouche d'égout, on imagine sans peine que la vie du piéton n'est pas facile !! Il faut dire que la grande majorité des conducteurs n'ont pas le permis de conduire (en fait certains l'ont mais ils ont du verser un bakchich pour ça!).

 Il est temps de quitter la ville, direction Hsipaw au Nord-Est du pays.

 

Hsipaw

C’est dans l’état Shan que nous passons donc la 2ème partie de notre séjour. Il couvre une grande partie de l’Est birman. Dans cette région essentiellement rurale, les soucis se posent avant tout au jour le jour : chacun tente de mener sa dure vie de fermier comme il le peut – de loin la profession la plus répandue en Birmanie.

Nous arrivons au village de Hsipaw après 6h de bus depuis Mandalay … Fallait voir le bus ! Entre les sacs de marchandises, les gens entassés et ceux qui vomissent… ce ne fut pas notre meilleur trajet !

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Le tourisme s’y est développé, principalement basé sur la randonnée dans les montagnes alentours, mais le village reste très authentique. Outre les nombreux salons de thé (qui n’ont rien de salon!), l’activité du village est centrée sur son marché animé, où les gens des villages alentours se joignent aux locaux pour vendre leurs produits.

Nous y rencontrons deux Australiens, frère et sœur approchant la cinquantaine, avec qui nous nous baladons dans les alentours de Hsipaw.

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 Malheureusement à notre retour à la Guesthouse, Yann se sent mal et passe toute sa soirée plié en deux entre les toilettes et la chambre à coucher…

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C’est également à Hsipaw que nous faisons la connaissance de Julien et Jocelyn, deux Français, avec qui nous décidons de nous aventurer dans les montagnes de la région de Palaung pour un trek de 3 jours. Au programme, rejoindre le village de Namshan en pick-up et rentrer à pieds sur Hsipaw.

 

Namshan

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C’est de pire en pire question transport les enfants ! Nous expérimentons donc le voyage dans le coffre d’un pick-up pour rejoindre le village de montagne de Namshan. Après tout, même si la voiture doit s’arrêter tous les 5 km pour refroidir, que l’on se prend les gaz d’échappement et la poussière dans la figure, que le ravin est à 50 cm des roues, que le sentier est dégueulasse et que l’on doit descendre du véhicule pour la pousser dans les grosses montées, nous en rigolons bien. Heureusement que Yann s’est bien remis de ses problèmes de santé de la veille !

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 Les travailleurs vivent dans de petites habitations d’appoint le long des routes qu’ils construisent (ils cassent les roches à la masse).


Après une cinquantaine de kilomètres parcourus en 6h nous arrivons enfin à Namshan. Le village est bâti le long d’une crête à environ 1600 m d’altitude, et s’étend sur près de 2km, pas mal pour un bled si reculé !

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 Nous y passons une super fin d’après-midi / début de soirée dans un restaurant où nous discutons tous les 4 avec les locaux autour de verres de whisky local.

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 Au petit matin, la rue sinueuse principale grouille d’animation mais nous prenons notre temps et nous reposons car 6 heures de marche nous attendent cette après-midi.

 

Trek

C’est avec Momo, notre guide, que nous partons à l’aventure. Nous sommes finalement 8 à participer au trek. Il y a Jocelyn et Julien, les français, Koon et Monique, les Hollandais et Yorn et Isabelle, les belges, qui nous accompagnent. Cette première journée est sympa et la vue magnifique sur les vallées de montagnes nous rappelle les Blue Mountains d’Australie. Le chemin que nous empruntons est empli de crevasses, boue et caillasses et nous fait de temps à autres traverser de petits villages isolés où la population est, comme à son habitude, accueillante et riche de mille et un sourires. Le rythme de cette première journée n’est pas trop soutenu pour nous mais la randonnée est épuisante pour Jocelyn, qui, amputé d’une jambe au niveau de la cuisse, a du mal à suivre le rythme. C’est avec énormément de courage qu’il finira la journée sous nos encouragements. Un grand bravo Jocelyn pour ce défi personnel que tu as relevé !

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 Jocelyn trouvera un moyen de terminer la randonnée plus facilement … enfin presque !!!


Malheureusement la fin de la randonnée s’est avérée difficile pour Laure qui avait très mal au ventre. A peine arrivés dans notre famille d’accueil les choses se sont empirées. La salle commune était partagée avec nos hôtes qui nous ont gentiment préparé un repas traditionnel. Impossible d’avaler quoi que ce soit pour Laure qui avait peur de paraitre impolie mais a du monter se coucher. L’hébergement consistait en des nattes posées à même le sol, et les toilettes se trouvaient à l’extérieur de la maison, au fond du jardin. Inutile de vous faire un dessin sur la qualité de la nuit pour Laure qui ne comptait plus ses allers-retours au jardin sous 10°C !

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 31Le lendemain, un riz nous a été servi au petit-déjeuner avant le départ. Laure, très faible, a du se forcer à avaler quelque chose car 10h de marche nous attendaient. Nous avons marché tous ensemble pendant une demi-heure avant d’arriver à une usine de Thé, seul échappatoire possible au trek. Jocelyn nous souhaite bonne route à ce niveau là et nous continuons à peine 15 minutes avant que Laure ne se mette finalement hors-course à son tour ! 9h30 de marche dans les montages sans échappatoire… c’est de la folie dans cet état !

Nous retournons tous 2 à l’usine et sommes reçus avec une grande gentillesse. Un vétérinaire, présent sur les lieux, soignera une mauvaise plaie de Yann et donnera quelques cachets pour Laure… après-tout ça peut pas être bien pire !!

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La principale source de revenus de la région est en effet le thé, qui couvre la majorité des pentes alentours. Il est bien sûr principalement récolté par les femmes…

De manière générale, les femmes font les travaux les plus ingrats, y compris lorsqu’il s’agit de transporter le produit des récoltes ou de la cueillette du jour ! Il est beaucoup plus courant de voir de pauvres femmes chargées comme des mules, que d’hommes (même si cela arrive !), aussi bien en plaine que dans les montagnes.

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Les enfants les accompagnent parfois, aidant ou s’occupant comme ils peuvent !

 

Nous attendrons une demi-journée avant que des mobylettes conduites par des vendeurs de légumes nous embarquent pour 3h de ride dans les sentiers des montagnes.

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 Nous aussi, on s’occupe comme on peut : visite de l’usine, sieste, lecture…

 

Une véritable aventure ! Des trous, de la boue, des ravins, de la roche, … pendant 3h !!

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Par contre quand on ne se focalisait pas sur la route (pour savoir à quoi s’attendre), nous admirions béatement le paysage fabuleux. Nos passages dans les villages étaient rythmés par les cris des enfants et les sourires de tous. Une fois sain et sauf à Hsipaw nous nous sommes rendu compte de l’incroyable expérience que nous venions de vivre ! 

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Voilà, nous sommes le 21 novembre, et, contrairement à tout le bien que nous en avons entendu, la Birmanie représente ceci pour nous : Un voyage éprouvant en raison des longs et inconfortables déplacements, une obligation de changer une somme d'argent à notre arrivée à Yangon, des déplacements limités en raison d'interdictions de se rendre dans telle ou telle région, des hôtels pleins qui deviennent de plus en plus coûteux, des billets de dollar US froissés qui sont sans valeur, les cartes de crédit refusées, une nourriture qui peut vous clouer au lit plusieurs jours…. Bref, bienvenue en Birmanie, prochaine destination touristique majeure d'Asie !… 

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